Exposition du 17 au 28 mars 1992 à la galerie Chiron 40, rue de Seine. 75006 Paris.
Pots, nus, fruits, fleurs, les sujets sont variés. Ce qui les réunit, c’est la lumière, qui effleure du même halo sensuel la rondeur d’une hanche ou la courbe d’un pot. Ce n’est pas une lumière turbulente, qui bondit sur les surfaces et joue avec les reflets, mais une lumière qui se dégage de l’intérieur même de l’objet, une sorte de luminescence. Elle émane du cœur de la matière immobile, et chaque objet la diffuse à travers son filtre propre.
Cette lumière apaise les formes, empêche les couleurs et les sons de crier. Art de sourdine. Elle absorbe les bruits parasites qui nous interdisent habituellement d’entendre le silence. Elle ouvre un monde de recueillement et de solitude. L’intériorisation se communique au regard et l’esprit contemple.
Peu à peu, de ses apparitions lumineuses et calmes, s’exhale la vie. Vie silencieuse, « Still life », qu’on traduit trop mal de nos jours par « Nature morte ». La mort n’existe pas dans la nature, elle n’est que dans le regard que l’on porte sur elle. Ici la transparence aérée du tableau, l’harmonie et l’équilibre de la composition, rythmés par quelques points qui retiennent l’œil, s’humilient pour laisser à la vie la liberté de son surgissement mystérieux.
L’œil écoute la vie.
Isabelle Reynaud